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Pluralisme des idées, élus de terrain et élus “déconnectés”

L’élection des députés se fait aujourd’hui au système majoritaire à deux tours. Selon les territoires, les courants et partis politiques peuvent concentrer plus d’espoirs qu’en d’autres lieux.

Si l’on prend par exemple le cas de la gauche radicale : suite aux législatives de 2017, le Parti Communiste et la France Insoumise ont obtenu 33 députés et nombre d’entre eux provenaient des mêmes territoires. Six venaient de l’outre-mer dont cinq pour les communistes, la Seine-Maritime a envoyé trois députés communistes et le département du Nord en a envoyé deux insoumis et deux communistes. Paris et sa petite couronne ont fourni près du tiers des députés insoumis et communistes, principalement en Seine-Saint-Denis avec sept députés dont cinq insoumis.

Autre exemple, si les écologistes n’ont généralement que peu d’espoirs dans les territoires ruraux, les grandes métropoles leur sont plus favorables.

Toutefois, un même territoire peut être très divers et les découpages électoraux, n’étant jamais exempts de calculs peuvent favoriser tel ou tel parti ou courant alors que d’autres ont également une emprise idéologique forte. Ainsi, des courants idéologiques forts dans une ville, un département, une région peuvent être absents de sa représentation malgré les scores obtenus. Par exemple , le Rassemblement National n’a obtenu que 6 des 78 sièges du Conseil Départemental du Pas de Calais au lieu de la vingtaine qu’auraient pu lui permettre ses 29% au premier tour.

Le système majoritaire entraîne une sous-représentation de certains courants idéologiques tandis que d’autres sont sur-représentés. La France est riche de courants idéologiques : sociaux-démocrates, nationalistes, gaullistes, centristes, anti-capitalistes, républicains, libéraux, démocrates-chrétiens, communistes, écologistes, sociaux-conservateurs, démocrates, sociaux-libéraux, souverainistes, humanistes, etc. Ceux-ci sont généralement présents au sein de plusieurs partis et les partis sont transcendés par plusieurs courants pouvant être parfois rivaux. La majorité présidentielle avec La République en Marche en est un exemple entre les tenants sociaux-démocrates et les tenants plus libéraux. Par ailleurs, les approches d’un même courant peuvent varier selon le parti et les personnalités le portant. Permettre à ces courants d’être représentés à la hauteur de ce qu’ils obtiennent dans les urnes, cela encouragerait le débat d’idées et renforcerait notre démocratie. Nos partis sont au carrefour de différents courants politiques et c’est ce que doit être notre Parlement.

Certains considèrent que l’Assemblée Nationale ne doit pas être le reflet de ce que pensent les Français et les Françaises et que la proportionnelle entraînerait des élus coupés du terrain. Ce n’est ni notre vision, ni conforme à ce qui est possible. Qu’est-ce qui empêche les députés élus à la proportionnelle d’être au contact du terrain, de consulter professionnels, élus, associations et citoyens ? Rien. Qu’est-ce qui oblige les députés élus au scrutin majoritaire d’être au contact du terrain, de consulter professionnels, élus, associations et citoyens ? Rien.

En appliquant la proportionnelle intégrale, avec des listes régionales ou une liste nationale ou encore un système mixte à l’allemande, nous permettrions aux courants politiques d’être présents à l’Assemblée Nationale. En appliquant la proportionnelle intégrale, nous verrions des accords de gouvernement entre des courants idéologiques parfois rivaux, parfois opposés, parfois complémentaires. En appliquant la proportionnelle intégrale, nous mettrions au centre du débat public les idées et moins les individus, même si ceux-ci sont importants. En appliquant la proportionnelle intégrale, nous relancerions le principe de justice électorale et notre démocratie.

Damien Renault, secrétaire national de Démocratie & Proportionnelle

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