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Histoire & Elections Pays

La Voulí : les élections législatives « mode temporaire » grecques

Demain, les électrices et électeurs grecques renouvelleront la Voulí, l’Assemblée monocamérale hellénique. Plusieurs réformes ont eu lieu ces dernières années, modifiant le système électoral pour cette élection et l’élection à venir. Le système électoral qui va prévaloir demain a été voté en 2016 et sera utilisé pour le première fois cette année et le modèle ne s’appliquera que pour cette année puisque le mode de scrutin a été modifié en 2020. En effet, en Grèce, si une réforme électorale n’est pas adoptée avec un soutien des deux tiers, elle ne s’applique qu’après la législature suivante. Cela a été le cas lors des deux dernières réformes, retardant de ce fait leur application.

Le grand changement pour ces élections tient en l’absence de prime pour la liste arrivée en tête. Depuis les élections de 1990, 50 sièges étaient attribués au vainqueur des élections, ce qui lui permettait dans certains cas d’obtenir la majorité absolue, selon son score et la somme de ceux ayant dépassé le seuil électoral. Les prochaines élections verront le retour d’une prime majoritaire, évolutive de 20 à 50 sièges selon le score de la liste arrivée en tête et à condition qu’elle dépasse les 25%.

Cette année, ce seront 300 sièges, contre 250 auparavant, qui seront répartis entre les 59 circonscriptions électorales du pays, avec donc un maintien du nombre de sièges total. Celles-ci sont composées de 1 à 18 sièges, avec 7 circonscriptions uninominales et une circonscription de 12 sièges représentant la Grèce entière. En moyenne, une circonscription électorale grecque comporte 5 sièges. Pour obtenir un siège dans l’une des circonscriptions, un parti doit obtenir un score supérieur à 3%. Cette condition est plus favorable qu’à ce qui se pratique dans une majorité de pays européens, où nous tournons autour de 4/5%. Par ailleurs, et contrairement à ce que certains défendent en France, la taille des circonscriptions n’est pas gênante en Grèce puisque les sièges sont répartis sur l’ensemble du territoire. Nous avons donc une cohérence entre le score et les sièges obtenus. Cela a pu se remarquer aux élections de janvier 2015, cinq partis étaient au coude à coude avec des scores compris entre 4,68 et 6,28% ; ils ont eu entre 13 et 17 sièges sans que l’on puisse remarquer de contradiction. Par ailleurs, les électrices et électeurs peuvent voter de manière préférentielle.

Si le vote est obligatoire pour les moins de 70 ans, aucune sanction n’est prévue. La participation est globalement en baisse depuis les 15 dernières années, passant de 74% en 2007 à près de 58% en 2019.

Les derniers sondages montrent que Νέα Δημοκρατία (Nouvelle Démocratie), le parti démocrate-chrétien et libéral-conservateur du Premier Ministre sortant, Kyriákos Mitsotákis, devrait arriver en tête avec un score légèrement supérieur à 35%. Toutefois, la réforme du mode de scrutin devraient l’empêcher d’obtenir la majorité absolue. Syriza, le parti ayant gouverné le pays de 2015 à 2019, et son dirigeant et ex Premier Ministre, Aléxis Tsípras, devraient être second avec 30%. Six partis devraient dépasser le seuil électoral des 3% avec néanmoins une incertitude pour les nationalistes-conservateur de Ελληνική Λύση (Solution Grecque) et les altermondialistes du Μέτωπο Ευρωπαϊκής Ρεαλιστικής Ανυπακοής/ΜέΡΑ25 (Front de désobéissance réaliste européen/MéRa25) qui sont entre 3,5 et 4,5%.

Si les quatre partis de gauche devraient être largement majoritaires, rien n’indique qu’un gouvernement de gauche sera formé à l’issue des élections. Níkos Androulákis, dirigeant des socialistes du Pasok, ne souhaite soutenir aucun des deux principaux candidats, ayant tout deux soutenu l’austérité, indiquant préférer un Premier Ministre membre d’aucun parti. Notons que des élections anticipées sont déjà évoquées pour le début de l’été si aucun gouvernement n’est formé et que ces dernières années, rares ont été les mandatures à se conclure à terme.

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Arguments Modalités Pays

100 mots sur les alliances transpartisanes

L’Europe connaît et a connu de multiples gouvernements issus d’alliances entre des partis des blocs gauche et droite, à degrés et horizons variés. Kaja Kallas, Nicolae Ciucă, Mette Frederiksen, Xavier Bettel, Petr Fiala et Alexander De Croo gouvernent aujourd’hui l’Estonie, la Roumanie, le Danemark, le Luxembourg, la Tchéquie et la Belgique avec des alliances gauche-droite. Écologistes et conservateurs dirigent depuis 3 ans l’Autriche. L’Allemagne et l’Autriche ont connu plusieurs grandes coalitions conservateurs-sociaux-démocrates dont 12 ans sous Angela Merkel. La Finlande et l’Italie ont eu des gouvernements rassemblant des forces extrêmement variées  droite à gauche radicale et extrême-droite à la gauche. 

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Arguments Pays

Seuls en UE en 100 Mots

La France est le seul pays de l’Union Européenne à ne pas avoir de représentation proportionnelle dans le cadre des élections législatives. Si d’autres pays élisent des députés dans des circonscriptions uninominales au scrutin majoritaire, d’autres députés sont élus au système proportionnel.

C’est le cas de l’Allemagne avec le système compensatoire et de seulement 63% des parlementaires italiens. A côté, la quasi-majorité des pays utilisent la proportionnelle sans prime avec des modalités extrêmement variables (seuil, taille de la circonscription,…).

A nous de changer la donne avec un système apportant une cohérence entre le vote des citoyens et la représentation finale.

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Pays

100 mots sur le Majilis au Kazakhstan

Il y a quelques semaines, les électeurs kazakhs ont renouvelé le Majilis, leur Parlement.

Point majeur, les élections étaient loin d’être libres avec d’importantes attaques contre l’opposition, pour empêcher ses candidats de se présenter.

Sur le mode de scrutin, celui-ci est mixte avec 29 sièges de circonscriptions, avec au moins 1 par province et grande ville, et 69 sièges répartis à la proportionnelle (70% contre 91,5% précédemment) dans une circonscription unique pour les partis faisant au moins 5% (contre 7%). Les listes doivent avoir au moins 30% de femmes, d’handicapés et de jeunes, une forme de quota différente qu’en France.

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Histoire & Elections Pays

Trudeau, Macron et la proportionnelle en 100 mots

Qu’ont en commun le Premier Ministre canadien, Justin Trudeau, et, le Président français, Emmanuel Macron ?

Tous deux ont promis durant leurs campagnes respectives d’instaurer le scrutin proportionnel à des partenaires et électeurs. Tous deux sont élus depuis de nombreuses années, 8 et 6 ans respectivement. Tous deux ont renoncé, de façon plus ou moins claire, à accomplir cette réforme. Tous deux n’ont eu qu’un mandat avec une majorité absolue, Justin Trudeau l’ayant perdue en 2019 et ne l’ayant pas reconquise en 2021 et Emmanuel Macron le l’ayant pas atteinte en 2021.

Il leur reste deux et quatre ans pour agir !

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Pays Réflexion

La Suisse, entre démocratie directe et démocratie représentative

Article rédigé par Julien Mathieux

La Suisse, est, selon l’indice de démocratie publié chaque année par le média britannique The Economist, la sixième meilleure démocratie du monde, derrière certains pays scandinaves et la Nouvelle-Zélande.

La Suisse est souvent citée en exemple par les hommes politiques français ayant dans leurs programmes électoraux une réforme institutionnelle majeure. Effectivement, la Suisse est, avec le Liechtenstein, l’État avec les systèmes de démocratie directe et de participation citoyenne les plus développés.

Mais comment fonctionne exactement la démocratie helvétique ?

Nous allons tout d’abord aborder le fonctionnement des institutions de la Suisse, puis nous verrons à quoi ressemblerait la France si elle possédait une Constitution similaire à celle de la Suisse.

I-La Constitution suisse.

La Constitution suisse est l’une des plus longues du monde. Il faut dire que, en plus de définir les institutions fédérales et les rapports entre ces dernières, elle comporte une longue déclaration de droits et de buts, à l’instar du droit primaire européen. À défaut de Droits de l’Homme et du citoyen, la Suisse nous livre un Droit du Peuple et des Cantons.

La Suisse a conservé ses principes constitutionnels depuis le Printemps des Peuples de 1848 ; elle est, à ce titre, la seule Nation du monde où ce dernier n’ait pas échoué. L’actuelle Constitution date de 1999.

Malgré son nom en forme longue de Confédération suisse, la Suisse est de nos jours un État fédéral, à l’instar du Canada ou de l’Allemagne : un État formé de 26 États (les cantons). Dans un pays composé de plusieurs communautés linguistiques et culturelles, la Constitution est l’un des rares dénominateurs communs.

A- La démocratie directe.

Les outils de démocratie directe sont particulièrement développés en Suisse. Le principal outil de cette démocratie est bien évidemment le référendum. Il est obligatoire dans certains domaines, comme la révision constitutionnelle, l’adhésion à des organisations supranationales, ou la promulgation de lois d’urgence, parfois en désaccord avec la Constitution. Dans tous ces domaines, il existe une particularité en Suisse : la double majorité. Effectivement, la Suisse étant une Fédération, il faut que la majorité des suffrages exprimés et la majorité absolue des cantons approuvent la loi qui leur est soumise. Sur des thèmes d’importance secondaire, la loi doit simplement réunir la majorité des suffrages exprimés.

Il existe une procédure de référendum d’initiative citoyenne (RIC), qui est abrogatoire. En d’autre terme, à l’issue de l’adoption d’une loi par l’Assemblée fédérale (le Parlement), cinquante mille citoyens, ou bien les autorités de huit cantons, ont cent jours pour soumettre une loi au peuple (et non aux cantons) par voie de référendum.

Il existe un autre outil de démocratie directe : l’initiative citoyenne. Cette initiative ne peut pas être législative, mais uniquement constitutionnelle. Autrement dit, cent mille citoyens peuvent, ensemble, déposer une proposition de modification constitutionnelle. Dans ce cas, l’Assemblée fédérale peut proposer un contre-projet. Les deux projets sont ensuite soumis au référendum, à la majorité du peuple et des cantons.

B-La Démocratie représentative.

La Suisse est un régime présidentiel et directorial. Présidentiel car l’organe exécutif n’est pas responsable devant le Pouvoir législatif. Directorial car, en lieu et place d’un Président ou d’un Premier ministre, il y a sept conseillers fédéraux (ministres), tour à tour Président de la Suisse, qui gouvernent collégialement ; autrement dit la forme du Gouvernement de la Suisse est le directoire exécutif.

La Suisse est donc un régime présidentiel, avec une séparation des pouvoirs très stricte. Cependant, et étonnamment pour ce type de régime, c’est pratiquement un régime d’Assemblée, tant le Parlement est doté de larges pouvoirs. C’est d’ailleurs la seule démocratie parlementaire possédant un régime présidentiel.

L’Assemblée fédérale est composée de deux Chambres, le Conseil national, qui représente le Peuple, et le Conseil des États, qui représente les cantons. Au Conseil national, chaque canton élit un nombre de députés proportionnel à son pourcentage de population par rapport à la population suisse (avec a minima un représentant). Au Conseil des États, chaque canton élit deux députés, sauf les anciens demi-cantons, qui n’en élisent qu’un. Les deux Conseils possèdent exactement les mêmes Pouvoirs. Mais, lorsqu’ils procèdent à des élections communes, il est évident que les cantons (46 députés) sont dépassés par le peuple (200 députés). Les Conseils exercent le Pouvoir législatif ; à cet effet, toute loi doit être votée dans les mêmes termes par les deux Conseils.

Le Conseil fédéral est élu par les membres de l’Assemblée fédérale. Il est composé de sept ministres appelés conseillers fédéraux. La coutume veut qu’ils soient tour à tour Président de la Confédération. Ce rôle est purement fonctionnel, puisque le Président de la Suisse n’est que l’animateur des débats du Conseil fédéral, qui gouverne collégialement. Autrement dit, sa voix ne prime qu’en cas de partage. Il ne dispose d’aucun pouvoir hiérarchique sur les autres ministres. Chaque conseiller fédéral, y compris le Président, est à la tête d’un ministère (appelé « département »). Il existe un chancelier de la Confédération, qui est l’état-major du Conseil fédéral, c’est-à-dire qu’il l’assiste dans la préparation de ces délibérations et dans ses relations avec l’Assemblée fédérale.

Le Tribunal fédéral, sorte de Cour suprême (mais n’ayant aucune compétence de Cour constitutionnelle), est élu par l’Assemblée fédérale, de la même façon que le Conseil fédéral.

Au niveau cantonal, les choses sont différentes. Il n’y a qu’une seule Chambre au Parlement, généralement appelée Grand Conseil dans les cantons francophones, et l’exécutif consiste en un Conseil d’État (dans les cantons francophones), élu au suffrage direct, contrairement au Conseil fédéral. Dans beaucoup de Cantons, les juges sont élus au suffrage direct.

Il existe également des Conférences intercantonales, véritables Parlement au niveau régional ou national dans tous les domaines où les Cantons sont compétents plutôt que la Confédération. Ces Conférences aboutissent à des conventions, qui sont exécutées par le Conseil fédéral comme les lois fédérales. Ce sont donc des traités au sein de la Confédération.

C-Les modes de scrutin

Les membres du Conseil national sont élus au scrutin proportionnel plurinominal, sur la base des quotients et de la plus forte moyenne d’Hondt. Chaque canton forme une circonscription. Dans chaque canton, les électeurs ont autant de voix qu’il y a de sièges à pourvoir, et votent directement pour les candidats organisés en listes. L’électeur a trois possibilités : voter pour une liste pré-ordonnée, modifier une liste pré-ordonnée, ou composer sa propre liste. Il peut latoiser (c’est-à-dire rayer un nom), panacher (voter pour des candidats de listes différentes) ou cumuler (donner deux voix, au lieu d’une, à un candidat). Il n’est pas obligé d’utiliser toutes ses voix. On calcule le score d’une liste en additionnant les scores en voix de ses candidats, puis on répartit les sièges. Les listes peuvent s’apparenter, et, dans ce cas, on calcule d’abord les sièges des listes entre apparentements. Ce système d’apparentements peut être avantageux, car la méthode d’Hondt donne une petite prime à la majorité. Sont élus, sur chaque liste, les candidats ayant rassemblé le plus de voix sur leurs noms.

Les membres du Conseil des États sont élus d’une façon déterminée par chaque canton. À l’exception des députés de deux Cantons qui utilisent la proportionnelle, ils sont tous élus au scrutin de liste majoritaire, selon les modalités suivantes : chaque électeur a autant de voix qu’il y a de députés à élire (donc une à deux voix). Il vote pour les candidats de son choix. Il peut panacher et cumuler. À la fin, sont élus les candidats ayant rassemblé le plus de voix, et un certain quorum de bulletins valables (un quart, un tiers ou la majorité absolue – sachant qu’il y a plusieurs voix par bulletins valables). Si des sièges restent à pourvoir, il est procédé à un second tour, à l’issue duquel sont élus les candidats ayant obtenu le plus de voix.

Chaque membre du Conseil fédéral et du Tribunal fédéral est élu à la majorité absolue par l’Assemblée fédérale, mais selon la règle informelle de la formule magique. Autrement dit, les partis politiques présents à l’Assemblée doivent être représentés au Conseil et au Tribunal proportionnellement au nombre de sièges qu’ils ont à l’Assemblée fédérale. La majorité absolue ne s’obtient pas en deux tours : lors des deux premiers tours, tout le monde peut être candidat. Par la suite, à chaque tour de scrutin, on élimine le candidat qui a eu le moins de voix pour les tours suivants. Précisons que les juges et les ministres sont élus un par un. Les diverses régions linguistiques suisses doivent, selon une règle informelle, être représentées équitablement au Conseil et au Tribunal. Une autre règle informelle veut que chaque canton ne puisse avoir qu’un seul conseiller fédéral.

Dans les cantons, le Gouvernement est élu au scrutin de liste majoritaire, de la même façon que les membres du Conseil des États, en deux tours, avec un quorum variable d’un canton à un autre. Presque tous les Parlements cantonaux sont élus à la représentation proportionnelle. Dans certains cantons, même, avec une particularité : la méthode biproportionnelle, une alternative au système compensatoire : plutôt que de calculer la répartition des sièges circonscription par circonscription, on calcule le nombre de sièges auquel chaque parti a droit pour l’ensemble du canton, et ce n’est qu’ensuite que les sièges sont répartis entre les circonscriptions. Ce système a un désavantage : le résultat en siège d’une circonscription ne correspond pas forcément au résultat en voix dans cette même circonscription, puisque les voix sont calculées à partir du canton entier. De plus, il empêche d’avoir des listes totalement ouvertes puisque, dans ce système, les électeurs ont le même nombre de voix quel que soit le nombre de députés de leurs circonscriptions.

II- Le système suisse appliqué à la France et à l’Union européenne.

A-Le cas de la France.

Si nous appliquons le système suisse au cas de la France, il convient de modifier plusieurs variables de notre pays : le voici devenu une Fédération de Provinces. La Constitution contient une longue déclaration des droits et des buts sociaux de l’État. La Constitution ne peut être modifiée que par référendum. Un million de citoyens peuvent désormais proposer une modification de la Constitution, auquel cas le Parlement peut proposer un contre-projet.

Pour les sujets importants, il faut l’accord de la majorité des suffrages exprimés et de la majorité des Provinces. Pour les autres sujets, la majorité des suffrages exprimés suffit.

La procédure d’adoption du Traité de Lisbonne par voie parlementaire n’aurait jamais pu se faire, car le référendum serait toujours exigé pour adhérer à une organisation supranationale.

Le Parlement serait composé de deux Chambre, disposant des mêmes pouvoirs : l’Assemblée nationale et l’Assemblée des États. À l’Assemblée nationale, chaque Province aurait autant de députés qu’elle a de parts de la population. Les députés du Peuple seraient élus à la représentation proportionnelle, avec des listes totalement ouvertes. À l’Assemblée des États, chaque Province aurait deux députés, à l’exception de celles qui ont été découpés pour des raisons démographiques (Haut-Languedoc et Bas-Languedoc, par exemple – encore que certains Cantons suisses récemment découpés, comme le Jura, ont droit à leurs deux députés). Les députés des Provinces seraient élus au scrutin majoritaire à listes ouvertes.

Le Gouvernement serait composé de quinze ministres (contre sept en Suisse car, la France étant un État-providence, elle possède plus de services publics). Les ministres seraient élus un par un, mais à la représentation proportionnelle des groupes, par les députés du Parlement. Le vote se ferait par élimination progressive en l’absence de majorité absolue. Chaque année, le Parlement élirait, au sein du Gouvernement, le Président de la République, qui serait l’animateur des débats.

Dans les rapports entre institutions, le Gouvernement ne pourrait pas dissoudre le Parlement, ni le Parlement renverser le Gouvernement.

Chaque Province aurait en outre sa propre Constitution, et serait souveraine dans les domaines de compétences autres que ceux exercés par la Fédération. On peut penser que chaque Conseil provincial serait composé de membres élus au scrutin de liste majoritaire, et que presque toutes les Assemblées provinciales seraient élues au scrutin proportionnel, voire au système biproportionnel.

B- Le cas de l’Union européenne.

Il serait plus simple d’appliquer le système à l’Union européenne qu’à la France, car l’Union européenne est déjà une association d’États, alors que la France est un État unitaire.

Dans ce nouveau système, on considère qu’il existe véritablement un peuple européen, formé des différents peuples nationaux. Le Parlement européen s’appelle l’Assemblée fédérale. Il est composé du Conseil du Peuple et du Conseil des Nations. Le Conseil du Peuple est élu à la représentation proportionnelle, chaque Nation y élit un nombre de députés proportionnel à son poids démographique. Le Conseil des Nations est élu au scrutin majoritaire, chaque Nation y possède deux députés, élus au suffrage direct. Chaque décision requiert l’accord des deux Conseils, qui disposent des mêmes pouvoirs.

La Commission européenne est remplacée par le Conseil fédéral, composée de dix membres, élus un par un mais à la représentation proportionnelle des partis par l’Assemblée fédérale. Cette nouvelle « Commission » n’a plus le monopole de l’initiative, elle partage cette initiative avec les autres institutions et les États membres.

À la demande d’un certain nombre de citoyens européens, une réforme constitutionnelle peut être proposée. Les citoyens, et un certain nombre d’État, ont en outre la capacité de soumettre au référendum un texte adopté par l’Assemblée fédérale.

La tendance des compétences respectives de l’Union et des Nations est inversée : il n’y a plus de compétences partagées, l’Union a le régalien, les Nations le reste. Il n’existe ni directives ni grandes orientations de politiques économiques, les Nations sont souveraines dans les domaines où elles sont compétentes.

Il est maintenu une Conférence interétatique, où chaque Gouvernement national délègue un membre, pour harmoniser le droit au niveau européen dans les domaines où les Nations restent souveraines.

Conclusion

La Suisse n’est pas un pays parfait mais, avec les pays scandinaves et la Nouvelle-Zélande, elle a sans doute la Constitution la moins mauvaise. Il serait pertinent de s’en inspirer pour faire évoluer le système français ainsi que le système européen, notamment sur la participation des citoyens aux prises de décision via de véritables outils de démocratie directe.

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Eduskunta 2023 : les élections législatives finlandaises

Ce week-end, la Finlande va renouveler l’Eduskunta, son assemblée monocamérale, dans le cadre d’élections législatives se déroulant tous les quatre ans. Ces derniers mois, parmi les actualités autour de la Finlande dont nous avons parlé en France, nous pouvons trouver sa demande conjointe avec la Suède d’adhérer à l’OTAN, avec le vote cette semaine en Turquie qui a validé l’adhésion de seulement la Finlande mais également la polémique avec les attaques sexistes contre la Première Ministre, Sanna Marin, lorsque des photos et vidéos d’elle, faisant la fête, sont sorties.

A l’image de l’Allemagne, la Finlande dispose d’un Président même si les pouvoirs sont principalement dans les mains du chef du gouvernement. La titulaire actuelle du poste est donc la Première Ministre social-démocrate, Sanna Marin, en place depuis décembre 2019 après la démission de son prédécesseur, issu du même parti, Antti Rinne. Elle est la tête d’un gouvernement quintipartite tendant vers le centre-gauche, avec le Parti Social-Démocrate, les écologistes de la Ligue Verte (Vihreä liitto), les écosocialistes de l’Alliance de gauche (Vasemmistoliitto), les agrariens et sociaux-libéraux du Parti du Centre (Suomen Keskusta) et enfin le Parti populaire suédois de Finlande, parti centriste défendant la minorité suédoise (Svenska folkpartiet i Finland). A la formation du gouvernement, il avait été souligné que les cinq partis le composant étaient tous dirigés par des femmes. Dans l’opposition, quatre partis dont les principaux sont le Parti des Finlandais d’obédiance nationaliste et le Parti de la Coalition Nationale, des libéraux-conservateurs.

Avant de décrire le système à la proportionnelle qu’utilise la Finlande, il est très intéressant de souligner que les alliances gouvernementales peuvent être très larges et paraître baroques pour des personnes peu habituées à un tel système, comme la France, puisque rassemblant des partis des différentes ailes idéologiques. Nous pouvons citer les gouvernements Vanhanen II et Kiviniemi d’avril 2007 à juin 2011 rassemblant le Parti du Centre, le Parti de la Coalition Nationale, la Ligue Verte et le Parti populaire suédois de Finlande. En France, cela correspondrait d’une certaine manière à un gouvernement comprenant Les Républicains, Europe Ecologie Les Verts et des partis centristes. Plus « extraordinaire » encore, de juin 2011 à avril 2014, Jyrki Katainen, du Parti de la Coalition Nationale, était soutenu par une alliance comprenant cinq autres partis dont l’Alliance de Gauche, soit le parti le plus à gauche du Parlement, et les Chrétiens-Démocrates. Les sociaux-démocrates, les écologistes et le Parti populaire suédois de Finlande complétaient cet attelage, similaire en France à une alliance des LR et du Parti Communiste avec entre autre EELV et le PS.

Pour en venir au système électoral, l’Eduskunta est composée de 200 députés, élus à la proportionnelle dans 13 circonscriptions. A l’exception du discrict d’Âland, îles au sud-ouest du pays, disposant d’un unique député, les circonscriptions envoient de 7 à 36 députés, rares étant celles en ayant moins d’une quinzaine. Fait rare pour être souligné, la Finlande n’utilise pas de seuil électoral, comme les Pays-Bas, si bien que des partis obtenant des scores qu’on qualifierait de peu élevés sont en mesure d’être représentés au Parlement. Dans l’assemblée sortante, c’est le cas des chrétiens-démocrates qui ont 5 députés pour 3,9% des voix en 2019 (le seuil classique en Europe et dans de nombreux autres pays étant de 4 ou 5%, ils n’auraient pas été représentés) et le parti libéral de Mouvement Maintenant (Liik Nyt) avec 1 siège pour 2,3% des voix. Par ailleurs, les électeurs peuvent indiquer leur préférence pour une des candidatures sur la liste, les sièges étant préalablement attribués aux candidats ayant eu le plus de votes en leur nom propre.

Les sondages semblent indiquer que les trois premiers partis seront, comme en 2019, dans un mouchoir de poche. S’ils devraient progresser par rapport aux dernières élections, il semble que le premier et le troisième ne seront séparer que d’1 point ou 1 point 1/2. Les sociaux-démocrates de Sanna Marin devraient perdre leur première place au profit de la Coalition Nationale et se disputeraient la deuxième place avec le Parti des Finlandais. Centristes et écologistes, faisant partie de la coalition gouvernementale diminueraient tandis que les autres partis seraient relativement stables. Enfin, si les cinq partis du gouvernement devancent l’opposition actuelle, rien n’indique que la coalition sera prolongée, la tradition étant que le parti en tête soit chargé de la formation du gouvernement.

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Focus sur le scrutin estonien

Demain, les électrices et électeurs estoniens renouvelleront les membres du Riigikogu, leur Parlement, composé de 101 membres. Depuis les dernières élections de 2019, trois gouvernements se sont succédés et deux Premiers Ministres. La Première Ministre actuelle, Kaja Kallas du Parti de la Réforme, est en poste depuis 2 ans, ayant accédé au pouvoir en janvier 2021, suite à une affaire de corruption ayant touché le parti de son prédécesseur, Jüri Ratas.

Lors des précédentes élections, 5 partis ont obtenu une représentation parlementaire et tous ont fait partie d’au moins un gouvernement durant les 4 années de mandature. Le Parti de la Réforme, ayant obtenu 34 sièges, gouverne depuis début 2021. Le Parti du Centre (26 sièges) était à la tête du pays d’avril 2019 à janvier 2021 puis a formé une coalition, où il était le parti minoritaire, jusqu’en juillet 2022. Le Parti Populaire Conservateur, et ses 19 sièges, était l’un des partenaires de Jüri Ratas. C’était également le cas pour l’Union pour la patrie et Res Publica, également appelé Isamaa. Avec leurs 12 sièges, ils ont non seulement fait partie du gouvernement de Jüri Ratas mais également du second de Kaja Kallas. Enfin, le Parti Social-Démocrate, qui disposait de 10 sièges, n’a fait partie que du second gouvernement de Kaja Kallas.

L’assemblée sortante est toutefois composé d’un sixième parti, La Droite créé en septembre dernier et n’ayant qu’un siège, et de 4 députés étant désormais indépendants. Sur ces 5 députés ayant changé de bord en cours de mandat, 3 venaient du Parti du Centre et les autres des sociaux-démocrates et d’Ismaa.

Un système de proportionnelle intégrale est utilisé pour élire les 101 membres du Riigikogu. Sur ces 101 membres, 75 le sont dans 12 circonscriptions envoyant de 5 à 15 députés tandis que les 26 autres sont attribués de façon compensatoire. L’objectif est que la composition du Parlement reflète au mieux le suffrage des électeurs. Pour qu’un parti soit représenté, ce dernier doit obtenir au moins 5% des voix. Petite particularité, si les électeurs peuvent voter de manière préférentielle en attribuant leur voix à un candidat précis afin qu’il monte dans la liste sur laquelle il se situe, il peut être élu même si son parti n’a pas obtenu les 5% requis nationalement. Pour cela, il doit obtenir plus de votes en son nom qu’il n’en faudrait pour que son parti obtienne un siège dans la circonscription dans laquelle il se présente.

Autres particularités du système, l’utilisation du vote électronique et le vote anticipé. Ce dernier est fortement utilisé par les électeurs et est en forte croissance puisque que de 2007 à 2019, on est passé de 19% des électeurs votant dans les jours précédant l’élection à 39%.

Les derniers sondages semblent indiquer que 6 partis obtiendraient une représentation parlementaire, avec la disparition de La Droite mais l’arrivée d’Estonie 200, parti centriste ayant obtenu un peu plus de 4% aux dernières élections et qui a franchi le seuil des 5% dans une majorité des sondages depuis 2019.

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La proportionnelle suédoise en 100 mots

L’élection du Riksdag, l’assemblée suédoise se fait à la proportionnelle intégrale. 310 sièges sont répartis dans 29 circonscriptions, ayant entre 2 et 34 sièges, pour les partis ayant dépassé le seuil des 4%. 39 sièges sont alloués de manière compensatoire pour une répartition des sièges la plus fidèle possible.

Par ailleurs, sans dépasser les 4% nationalement, un parti peut obtenir des sièges dans une circonscription s’il y fait au moins 12%.

Les électeurs peuvent également voter de manière préférentielle pour un seul candidat, mais celui-ci n’est pris en compte que si 8% des voix pour son parti lui sont destinés.

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Proportionnelle aux élections paraguayennes en 100 mots

Fin avril, un ensemble d’élections seront organisées au Paraguay dont celles du Parlement. Le Sénat est composé de 45 membres contre 80 représentants pour la Chambre des Députés.

Les premiers sont élus dans une circonscription unique, les seconds dans 18 circonscriptions (17 départements + capitale). Les deux élections se déroulent à la proportionnelle avec listes bloquées. Au Senado, des représentants de « petites listes » sont présents.

A la Cámara de Diputados, c’est plus compliqué : 10 circonscriptions envoient 3 députés ou moins ; à noter qu’il y a la circonscription Central avec 20 sièges et 4 autres circonscriptions ayant 6, 7 ou 8 sièges.