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Eva Joly et la proportionnelle en 100 mots

Candidate à la présidentielle de 2012, l’écologiste Eva Joly défendait le système proportionnel à toutes les élections, parmi lesquelles les législatives.

Pour ces dernières, elle proposait un modèle compensatoire se rapprochant des élections allemandes avec toutefois quelques variantes. Une première moitié des sièges viendrait d’élections uninominales majoritaires à deux tours, comme cela se fait aujourd’hui. La seconde moitié des sièges serait attribuée à partir de listes nationales, avec les scores du premier tour, pour compenser les résultats du second tour.

Deux arguments étaient avancés, le respect de la parité et celui de la représentation du poids politique des différentes forces.

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Histoire & Elections Modalités

Les anciennes élections régionales en 100 mots

Les premières élections régionales, de 1986 à 1998 avaient d’importantes différences avec le système actuel.

Tout d’abord, l’élection se déroulait sur un tour unique et sans prime d’un quart des sièges pour le vainqueur. Ensuite, il n’y avait pas d’obligation de présenter des listes dans tous les départements, une liste, dissidente notamment, pouvant se contenter d’être présente dans un unique département.

Par ailleurs, s’il y avait le seuil des 5%, celui-ci ne valait que pour le département et une liste ayant 2% au niveau régional pouvait tout de même être représentée. Un système qui favorisait bien plus la juste représentation.

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Histoire & Elections Pays

La Voulí : les élections législatives « mode temporaire » grecques

Demain, les électrices et électeurs grecques renouvelleront la Voulí, l’Assemblée monocamérale hellénique. Plusieurs réformes ont eu lieu ces dernières années, modifiant le système électoral pour cette élection et l’élection à venir. Le système électoral qui va prévaloir demain a été voté en 2016 et sera utilisé pour le première fois cette année et le modèle ne s’appliquera que pour cette année puisque le mode de scrutin a été modifié en 2020. En effet, en Grèce, si une réforme électorale n’est pas adoptée avec un soutien des deux tiers, elle ne s’applique qu’après la législature suivante. Cela a été le cas lors des deux dernières réformes, retardant de ce fait leur application.

Le grand changement pour ces élections tient en l’absence de prime pour la liste arrivée en tête. Depuis les élections de 1990, 50 sièges étaient attribués au vainqueur des élections, ce qui lui permettait dans certains cas d’obtenir la majorité absolue, selon son score et la somme de ceux ayant dépassé le seuil électoral. Les prochaines élections verront le retour d’une prime majoritaire, évolutive de 20 à 50 sièges selon le score de la liste arrivée en tête et à condition qu’elle dépasse les 25%.

Cette année, ce seront 300 sièges, contre 250 auparavant, qui seront répartis entre les 59 circonscriptions électorales du pays, avec donc un maintien du nombre de sièges total. Celles-ci sont composées de 1 à 18 sièges, avec 7 circonscriptions uninominales et une circonscription de 12 sièges représentant la Grèce entière. En moyenne, une circonscription électorale grecque comporte 5 sièges. Pour obtenir un siège dans l’une des circonscriptions, un parti doit obtenir un score supérieur à 3%. Cette condition est plus favorable qu’à ce qui se pratique dans une majorité de pays européens, où nous tournons autour de 4/5%. Par ailleurs, et contrairement à ce que certains défendent en France, la taille des circonscriptions n’est pas gênante en Grèce puisque les sièges sont répartis sur l’ensemble du territoire. Nous avons donc une cohérence entre le score et les sièges obtenus. Cela a pu se remarquer aux élections de janvier 2015, cinq partis étaient au coude à coude avec des scores compris entre 4,68 et 6,28% ; ils ont eu entre 13 et 17 sièges sans que l’on puisse remarquer de contradiction. Par ailleurs, les électrices et électeurs peuvent voter de manière préférentielle.

Si le vote est obligatoire pour les moins de 70 ans, aucune sanction n’est prévue. La participation est globalement en baisse depuis les 15 dernières années, passant de 74% en 2007 à près de 58% en 2019.

Les derniers sondages montrent que Νέα Δημοκρατία (Nouvelle Démocratie), le parti démocrate-chrétien et libéral-conservateur du Premier Ministre sortant, Kyriákos Mitsotákis, devrait arriver en tête avec un score légèrement supérieur à 35%. Toutefois, la réforme du mode de scrutin devraient l’empêcher d’obtenir la majorité absolue. Syriza, le parti ayant gouverné le pays de 2015 à 2019, et son dirigeant et ex Premier Ministre, Aléxis Tsípras, devraient être second avec 30%. Six partis devraient dépasser le seuil électoral des 3% avec néanmoins une incertitude pour les nationalistes-conservateur de Ελληνική Λύση (Solution Grecque) et les altermondialistes du Μέτωπο Ευρωπαϊκής Ρεαλιστικής Ανυπακοής/ΜέΡΑ25 (Front de désobéissance réaliste européen/MéRa25) qui sont entre 3,5 et 4,5%.

Si les quatre partis de gauche devraient être largement majoritaires, rien n’indique qu’un gouvernement de gauche sera formé à l’issue des élections. Níkos Androulákis, dirigeant des socialistes du Pasok, ne souhaite soutenir aucun des deux principaux candidats, ayant tout deux soutenu l’austérité, indiquant préférer un Premier Ministre membre d’aucun parti. Notons que des élections anticipées sont déjà évoquées pour le début de l’été si aucun gouvernement n’est formé et que ces dernières années, rares ont été les mandatures à se conclure à terme.

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Arguments Modalités Pays

100 mots sur les alliances transpartisanes

L’Europe connaît et a connu de multiples gouvernements issus d’alliances entre des partis des blocs gauche et droite, à degrés et horizons variés. Kaja Kallas, Nicolae Ciucă, Mette Frederiksen, Xavier Bettel, Petr Fiala et Alexander De Croo gouvernent aujourd’hui l’Estonie, la Roumanie, le Danemark, le Luxembourg, la Tchéquie et la Belgique avec des alliances gauche-droite. Écologistes et conservateurs dirigent depuis 3 ans l’Autriche. L’Allemagne et l’Autriche ont connu plusieurs grandes coalitions conservateurs-sociaux-démocrates dont 12 ans sous Angela Merkel. La Finlande et l’Italie ont eu des gouvernements rassemblant des forces extrêmement variées  droite à gauche radicale et extrême-droite à la gauche. 

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Arguments Pays

Seuls en UE en 100 Mots

La France est le seul pays de l’Union Européenne à ne pas avoir de représentation proportionnelle dans le cadre des élections législatives. Si d’autres pays élisent des députés dans des circonscriptions uninominales au scrutin majoritaire, d’autres députés sont élus au système proportionnel.

C’est le cas de l’Allemagne avec le système compensatoire et de seulement 63% des parlementaires italiens. A côté, la quasi-majorité des pays utilisent la proportionnelle sans prime avec des modalités extrêmement variables (seuil, taille de la circonscription,…).

A nous de changer la donne avec un système apportant une cohérence entre le vote des citoyens et la représentation finale.

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Arguments

100 mots sur la nation et le terrain

Chez les opposants à l’instauration de la proportionnelle, intégrale ou partielle, aux élections législatives nous retrouvons deux arguments que nous pouvons regrouper en un.

Premièrement, ce système couperait les députés du terrain. Deuxièmement, ils ne pourraient plus représenter leur circonscription. Il nous faut rappeler que les députés représentent déjà la nation toute entière, qu’il s’agit de leur rôle, et pas seulement les personnes habitant dans leur circonscription.

Par ailleurs, rien n’empêcherait un député élu sur une liste régionale ou nationale d’être au contact du terrain, des citoyens, associations, élus et professionnels, comme rien n’oblige un député de circonscription à l’être.

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Histoire & Elections Partis politiques

100 mots sur Poutou, la proportionnelle et les institutions

Candidat aux trois dernières présidentielles pour le parti d’extrême-gauche, Nouveau Parti Anticapitaliste, Philippe Poutou s’est prononcé à chaque reprise en faveur de l’introduction de la proportionnelle intégrale, ce que nous saluons. Toutefois, il n’est pas entré dans les modalités d’un tel scrutin.

Par ailleurs, il a défendu d’autres propositions en matière d’institutions et de démocratie, comme la suppression du Sénat et du poste de Président de la République, le non-cumul des mandats ou encore l’introduction du Référendum d’Initiative Citoyenne, très d’actualité en ce moment.

Sur ces sujets, il se classe dans la lignée des mouvements à gauche de l’échiquier politique.

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Histoire & Elections Pays

Eduskunta 2023 : les élections législatives finlandaises

Ce week-end, la Finlande va renouveler l’Eduskunta, son assemblée monocamérale, dans le cadre d’élections législatives se déroulant tous les quatre ans. Ces derniers mois, parmi les actualités autour de la Finlande dont nous avons parlé en France, nous pouvons trouver sa demande conjointe avec la Suède d’adhérer à l’OTAN, avec le vote cette semaine en Turquie qui a validé l’adhésion de seulement la Finlande mais également la polémique avec les attaques sexistes contre la Première Ministre, Sanna Marin, lorsque des photos et vidéos d’elle, faisant la fête, sont sorties.

A l’image de l’Allemagne, la Finlande dispose d’un Président même si les pouvoirs sont principalement dans les mains du chef du gouvernement. La titulaire actuelle du poste est donc la Première Ministre social-démocrate, Sanna Marin, en place depuis décembre 2019 après la démission de son prédécesseur, issu du même parti, Antti Rinne. Elle est la tête d’un gouvernement quintipartite tendant vers le centre-gauche, avec le Parti Social-Démocrate, les écologistes de la Ligue Verte (Vihreä liitto), les écosocialistes de l’Alliance de gauche (Vasemmistoliitto), les agrariens et sociaux-libéraux du Parti du Centre (Suomen Keskusta) et enfin le Parti populaire suédois de Finlande, parti centriste défendant la minorité suédoise (Svenska folkpartiet i Finland). A la formation du gouvernement, il avait été souligné que les cinq partis le composant étaient tous dirigés par des femmes. Dans l’opposition, quatre partis dont les principaux sont le Parti des Finlandais d’obédiance nationaliste et le Parti de la Coalition Nationale, des libéraux-conservateurs.

Avant de décrire le système à la proportionnelle qu’utilise la Finlande, il est très intéressant de souligner que les alliances gouvernementales peuvent être très larges et paraître baroques pour des personnes peu habituées à un tel système, comme la France, puisque rassemblant des partis des différentes ailes idéologiques. Nous pouvons citer les gouvernements Vanhanen II et Kiviniemi d’avril 2007 à juin 2011 rassemblant le Parti du Centre, le Parti de la Coalition Nationale, la Ligue Verte et le Parti populaire suédois de Finlande. En France, cela correspondrait d’une certaine manière à un gouvernement comprenant Les Républicains, Europe Ecologie Les Verts et des partis centristes. Plus « extraordinaire » encore, de juin 2011 à avril 2014, Jyrki Katainen, du Parti de la Coalition Nationale, était soutenu par une alliance comprenant cinq autres partis dont l’Alliance de Gauche, soit le parti le plus à gauche du Parlement, et les Chrétiens-Démocrates. Les sociaux-démocrates, les écologistes et le Parti populaire suédois de Finlande complétaient cet attelage, similaire en France à une alliance des LR et du Parti Communiste avec entre autre EELV et le PS.

Pour en venir au système électoral, l’Eduskunta est composée de 200 députés, élus à la proportionnelle dans 13 circonscriptions. A l’exception du discrict d’Âland, îles au sud-ouest du pays, disposant d’un unique député, les circonscriptions envoient de 7 à 36 députés, rares étant celles en ayant moins d’une quinzaine. Fait rare pour être souligné, la Finlande n’utilise pas de seuil électoral, comme les Pays-Bas, si bien que des partis obtenant des scores qu’on qualifierait de peu élevés sont en mesure d’être représentés au Parlement. Dans l’assemblée sortante, c’est le cas des chrétiens-démocrates qui ont 5 députés pour 3,9% des voix en 2019 (le seuil classique en Europe et dans de nombreux autres pays étant de 4 ou 5%, ils n’auraient pas été représentés) et le parti libéral de Mouvement Maintenant (Liik Nyt) avec 1 siège pour 2,3% des voix. Par ailleurs, les électeurs peuvent indiquer leur préférence pour une des candidatures sur la liste, les sièges étant préalablement attribués aux candidats ayant eu le plus de votes en leur nom propre.

Les sondages semblent indiquer que les trois premiers partis seront, comme en 2019, dans un mouchoir de poche. S’ils devraient progresser par rapport aux dernières élections, il semble que le premier et le troisième ne seront séparer que d’1 point ou 1 point 1/2. Les sociaux-démocrates de Sanna Marin devraient perdre leur première place au profit de la Coalition Nationale et se disputeraient la deuxième place avec le Parti des Finlandais. Centristes et écologistes, faisant partie de la coalition gouvernementale diminueraient tandis que les autres partis seraient relativement stables. Enfin, si les cinq partis du gouvernement devancent l’opposition actuelle, rien n’indique que la coalition sera prolongée, la tradition étant que le parti en tête soit chargé de la formation du gouvernement.

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Histoire & Elections Pays

Focus sur le scrutin estonien

Demain, les électrices et électeurs estoniens renouvelleront les membres du Riigikogu, leur Parlement, composé de 101 membres. Depuis les dernières élections de 2019, trois gouvernements se sont succédés et deux Premiers Ministres. La Première Ministre actuelle, Kaja Kallas du Parti de la Réforme, est en poste depuis 2 ans, ayant accédé au pouvoir en janvier 2021, suite à une affaire de corruption ayant touché le parti de son prédécesseur, Jüri Ratas.

Lors des précédentes élections, 5 partis ont obtenu une représentation parlementaire et tous ont fait partie d’au moins un gouvernement durant les 4 années de mandature. Le Parti de la Réforme, ayant obtenu 34 sièges, gouverne depuis début 2021. Le Parti du Centre (26 sièges) était à la tête du pays d’avril 2019 à janvier 2021 puis a formé une coalition, où il était le parti minoritaire, jusqu’en juillet 2022. Le Parti Populaire Conservateur, et ses 19 sièges, était l’un des partenaires de Jüri Ratas. C’était également le cas pour l’Union pour la patrie et Res Publica, également appelé Isamaa. Avec leurs 12 sièges, ils ont non seulement fait partie du gouvernement de Jüri Ratas mais également du second de Kaja Kallas. Enfin, le Parti Social-Démocrate, qui disposait de 10 sièges, n’a fait partie que du second gouvernement de Kaja Kallas.

L’assemblée sortante est toutefois composé d’un sixième parti, La Droite créé en septembre dernier et n’ayant qu’un siège, et de 4 députés étant désormais indépendants. Sur ces 5 députés ayant changé de bord en cours de mandat, 3 venaient du Parti du Centre et les autres des sociaux-démocrates et d’Ismaa.

Un système de proportionnelle intégrale est utilisé pour élire les 101 membres du Riigikogu. Sur ces 101 membres, 75 le sont dans 12 circonscriptions envoyant de 5 à 15 députés tandis que les 26 autres sont attribués de façon compensatoire. L’objectif est que la composition du Parlement reflète au mieux le suffrage des électeurs. Pour qu’un parti soit représenté, ce dernier doit obtenir au moins 5% des voix. Petite particularité, si les électeurs peuvent voter de manière préférentielle en attribuant leur voix à un candidat précis afin qu’il monte dans la liste sur laquelle il se situe, il peut être élu même si son parti n’a pas obtenu les 5% requis nationalement. Pour cela, il doit obtenir plus de votes en son nom qu’il n’en faudrait pour que son parti obtienne un siège dans la circonscription dans laquelle il se présente.

Autres particularités du système, l’utilisation du vote électronique et le vote anticipé. Ce dernier est fortement utilisé par les électeurs et est en forte croissance puisque que de 2007 à 2019, on est passé de 19% des électeurs votant dans les jours précédant l’élection à 39%.

Les derniers sondages semblent indiquer que 6 partis obtiendraient une représentation parlementaire, avec la disparition de La Droite mais l’arrivée d’Estonie 200, parti centriste ayant obtenu un peu plus de 4% aux dernières élections et qui a franchi le seuil des 5% dans une majorité des sondages depuis 2019.

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Histoire & Elections

100 mots sur Jaurès et la proportionnelle

La proportionnelle aux législatives est une revendication ancienne, ayant été appliquée à différentes périodes. Au début du XIXème siècle, Jean Jaurès, figure centrale et historique de la gauche, en était un fervent avocat.

Il y voyait le moyen de voter pour des idées et non pour des personnes et de réduire « la tyrannie des comités« . Défendant des circonscriptions plus larges que le simple département comme le Tarn-Aveyron, il considérait que cela mettrait en avant l’intérêt de la nation et moins les intérêts locaux, limitant également le clientélisme.

Enfin, pour lui elle entraînerait « une puissance de rénovation intellectuelle et morale« .