Ce week-end, la Finlande va renouveler l’Eduskunta, son assemblée monocamérale, dans le cadre d’élections législatives se déroulant tous les quatre ans. Ces derniers mois, parmi les actualités autour de la Finlande dont nous avons parlé en France, nous pouvons trouver sa demande conjointe avec la Suède d’adhérer à l’OTAN, avec le vote cette semaine en Turquie qui a validé l’adhésion de seulement la Finlande mais également la polémique avec les attaques sexistes contre la Première Ministre, Sanna Marin, lorsque des photos et vidéos d’elle, faisant la fête, sont sorties.
A l’image de l’Allemagne, la Finlande dispose d’un Président même si les pouvoirs sont principalement dans les mains du chef du gouvernement. La titulaire actuelle du poste est donc la Première Ministre social-démocrate, Sanna Marin, en place depuis décembre 2019 après la démission de son prédécesseur, issu du même parti, Antti Rinne. Elle est la tête d’un gouvernement quintipartite tendant vers le centre-gauche, avec le Parti Social-Démocrate, les écologistes de la Ligue Verte (Vihreä liitto), les écosocialistes de l’Alliance de gauche (Vasemmistoliitto), les agrariens et sociaux-libéraux du Parti du Centre (Suomen Keskusta) et enfin le Parti populaire suédois de Finlande, parti centriste défendant la minorité suédoise (Svenska folkpartiet i Finland). A la formation du gouvernement, il avait été souligné que les cinq partis le composant étaient tous dirigés par des femmes. Dans l’opposition, quatre partis dont les principaux sont le Parti des Finlandais d’obédiance nationaliste et le Parti de la Coalition Nationale, des libéraux-conservateurs.
Avant de décrire le système à la proportionnelle qu’utilise la Finlande, il est très intéressant de souligner que les alliances gouvernementales peuvent être très larges et paraître baroques pour des personnes peu habituées à un tel système, comme la France, puisque rassemblant des partis des différentes ailes idéologiques. Nous pouvons citer les gouvernements Vanhanen II et Kiviniemi d’avril 2007 à juin 2011 rassemblant le Parti du Centre, le Parti de la Coalition Nationale, la Ligue Verte et le Parti populaire suédois de Finlande. En France, cela correspondrait d’une certaine manière à un gouvernement comprenant Les Républicains, Europe Ecologie Les Verts et des partis centristes. Plus « extraordinaire » encore, de juin 2011 à avril 2014, Jyrki Katainen, du Parti de la Coalition Nationale, était soutenu par une alliance comprenant cinq autres partis dont l’Alliance de Gauche, soit le parti le plus à gauche du Parlement, et les Chrétiens-Démocrates. Les sociaux-démocrates, les écologistes et le Parti populaire suédois de Finlande complétaient cet attelage, similaire en France à une alliance des LR et du Parti Communiste avec entre autre EELV et le PS.
Pour en venir au système électoral, l’Eduskunta est composée de 200 députés, élus à la proportionnelle dans 13 circonscriptions. A l’exception du discrict d’Âland, îles au sud-ouest du pays, disposant d’un unique député, les circonscriptions envoient de 7 à 36 députés, rares étant celles en ayant moins d’une quinzaine. Fait rare pour être souligné, la Finlande n’utilise pas de seuil électoral, comme les Pays-Bas, si bien que des partis obtenant des scores qu’on qualifierait de peu élevés sont en mesure d’être représentés au Parlement. Dans l’assemblée sortante, c’est le cas des chrétiens-démocrates qui ont 5 députés pour 3,9% des voix en 2019 (le seuil classique en Europe et dans de nombreux autres pays étant de 4 ou 5%, ils n’auraient pas été représentés) et le parti libéral de Mouvement Maintenant (Liik Nyt) avec 1 siège pour 2,3% des voix. Par ailleurs, les électeurs peuvent indiquer leur préférence pour une des candidatures sur la liste, les sièges étant préalablement attribués aux candidats ayant eu le plus de votes en leur nom propre.
Les sondages semblent indiquer que les trois premiers partis seront, comme en 2019, dans un mouchoir de poche. S’ils devraient progresser par rapport aux dernières élections, il semble que le premier et le troisième ne seront séparer que d’1 point ou 1 point 1/2. Les sociaux-démocrates de Sanna Marin devraient perdre leur première place au profit de la Coalition Nationale et se disputeraient la deuxième place avec le Parti des Finlandais. Centristes et écologistes, faisant partie de la coalition gouvernementale diminueraient tandis que les autres partis seraient relativement stables. Enfin, si les cinq partis du gouvernement devancent l’opposition actuelle, rien n’indique que la coalition sera prolongée, la tradition étant que le parti en tête soit chargé de la formation du gouvernement.