
Aujourd’hui, les électrices et électeurs polonais se rendent aux urnes pour renouveler les deux chambres de leur Parlement : la Diète ou Sejm, qui est leur chambre basse, et leur chambre haute à savoir le Sénat. Ces élections se déroulent quatre années après le précédent scrutin à l’issue des quatre années de la mandature. A l’issue de ces élections, le gouvernement national-conservateur de Mateusz Morawiecki avait obtenu un nouveau mandat pour diriger la Pologne.
Les membres des deux chambres sont désignés selon des modes de scrutin différents. D’un côté, le scrutin majoritaire et de l’autre côté un système proportionnel. Concernant le Sénat, ses 100 membres sont élus dans autant de scrutins uninominaux à 1 tour. A l’inverse, la Diète est élue sur un mode de scrutin fonctionnant à la proportionnelle dans un nombre plus réduit que les 100 circonscriptions du Sénat. Ses 460 membres viennent de 41 circonscriptions. La taille de ces dernières varie de manière traditionnelle en fonction du nombre d’habitantes et d’habitants, si bien qu’elles envoient de 7 à 19 députés. Pour obtenir des sièges à la Diète, un seuil de 5% au niveau national, et non pas de la circonscription, est utilisé pour les partis se présentant seuls tandis qu’en ce qui concerne les coalitions, et celles-ci étant la règle, il passe à 8%. Notons que la minorité allemande est exemptée du seuil des 5% si bien que son faible nombre de voix lui permet jusqu’à présent d’être représentée au Parlement. Les électrices et électeurs accordent leurs voix à des membres de la liste, ces dernières n’ayant comme obligation paritaire que d’avoir au moins 35% de membres de chaque sexe, et la répartition des sièges pour chaque liste s’effectue sur les candidates et candidats ayant reçus le plus de suffrages de manière individuelle.
Lors des précédentes élections de 2019, si la coalition de la Droite Unie avait conservé sa majorité absolue avec un nombre de sièges identique (235) au Sejm, elle avait perdu de nombreux sièges au Sénat ainsi que sa majorité (48). Cette alliance était dominée par le parti Droit et Justice, ayant 199 sièges d’un côté et 44 de l’autre. A côté de l’alliance gouvernementale, quatre coalitions se répartissaient les autres sièges tandis que la minorité allemande conservait le dernier sièges. La coalition autour de la Plate-forme Civique (centristes, libéraux, écologistes et progressistes) obtint 134 sièges à la Diète, en recul de 32 sièges, mais progressa au Sénat avec 43 sièges soit un gain de 9 sièges. L’alliance de gauche (social-démocratie) revint au Parlement après y avoir disparue suite aux élections de 2015, devenant la troisième force de la Diète avec 49 sièges et en obtenant 2 au Sénat. La troisième alliance de l’opposition, la Coalition Polonaise, autour du Parti paysan (agrarisme) mais dont la principale force était Kukiz’15 (populiste), regressa avec 30 sièges contre 58 auparavant, le Kukiz’15 perdant un total de 36 sièges. Enfin, la Confédération, alliance de partis de droite et d’extrême-droite, obtint 11 sièges.
Pour ces élections de 2023, quelques évolutions ont touché les coalitions se présentant aux élections. Auparavant membre de la Coalition Polonaise, le Kukiz’15 fait désormais partie de l’alliance gouvernementale. A l’inverse, le parti libéral-conservateur Alliance a quitté la coalition de la Droite Unie pour se fondre dans un accord tripartite avec la Coalition Partite et le nouveau parti démocrate-chrétien et écologiste Pologne 2050, ceux-ci constituant l’alliance Troisième Voie. Il est par ailleurs extrêmement important de souligner que trois des cinq coalitions se sont unies pour les élections sénatoriales, présentant des candidats communs dans la quasi-totalité des 100 circonscriptions. La Coalition Civique (49 candidatures), la Troisième Voie (29 candidatures) et La Gauche (14 candidatures) se sont unies, d’autres candidatures uniques étant soutenues dont deux membres sortants et précédemment membre de Droit et Justice.
Si nous regardons les sondages pour la Diète, nous pouvons voir que l’opposition est en tête même si le seuil des 8% pourrait fortement favoriser le gouvernement sortant, certaines alliances n’étant pas assurées d’obtenir ce score. En effet, lorsqu’un parti ne franchit pas ce seuil, c’est le parti arrivé en tête qui en sort renforcé puisque récupérant les points et sièges. Si nous regardons respectivement les pourcentages et sièges, la Droite Unie devrait obtenir entre 31 et 35% (avec une moyenne autour de 190 sièges) soit, la Coalition Civique autour de 27/28% (entre 145 et 155 sièges), la Troisième Voie entre 8 et 12% (40 à 50 sièges), soit un score similaire à La Gauche (entre 30 et 50 sièges) tandis que la Confédération tournerait autour des 8% (30/35 sièges). Ici, bien plus que dans d’autres pays, chaque pourcent est important pour les coalitions entraînant d’importantes variations en nombre de sièges voire empêchant une représentation à la Diète. Pour conclure, si l’opposition devrait les 231 sièges de la majorité absolue, elle ne devrait cependant pas obtenir les 3/5ème des sièges permettant de renverser le véto présidentiel, l’actuel détenteur du poste étant du parti Droit e Justice.
Il n’y a toutefois pas que des élections parlementaires aujourd’hui au Sénat, le gouvernement polonais organisant 4 référendums sur des sujets sensibles comme l’immigration, pour favoriser la mobilisation de son électorat.