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La Voulí : les élections législatives « mode temporaire » grecques

Demain, les électrices et électeurs grecques renouvelleront la Voulí, l’Assemblée monocamérale hellénique. Plusieurs réformes ont eu lieu ces dernières années, modifiant le système électoral pour cette élection et l’élection à venir. Le système électoral qui va prévaloir demain a été voté en 2016 et sera utilisé pour le première fois cette année et le modèle ne s’appliquera que pour cette année puisque le mode de scrutin a été modifié en 2020. En effet, en Grèce, si une réforme électorale n’est pas adoptée avec un soutien des deux tiers, elle ne s’applique qu’après la législature suivante. Cela a été le cas lors des deux dernières réformes, retardant de ce fait leur application.

Le grand changement pour ces élections tient en l’absence de prime pour la liste arrivée en tête. Depuis les élections de 1990, 50 sièges étaient attribués au vainqueur des élections, ce qui lui permettait dans certains cas d’obtenir la majorité absolue, selon son score et la somme de ceux ayant dépassé le seuil électoral. Les prochaines élections verront le retour d’une prime majoritaire, évolutive de 20 à 50 sièges selon le score de la liste arrivée en tête et à condition qu’elle dépasse les 25%.

Cette année, ce seront 300 sièges, contre 250 auparavant, qui seront répartis entre les 59 circonscriptions électorales du pays, avec donc un maintien du nombre de sièges total. Celles-ci sont composées de 1 à 18 sièges, avec 7 circonscriptions uninominales et une circonscription de 12 sièges représentant la Grèce entière. En moyenne, une circonscription électorale grecque comporte 5 sièges. Pour obtenir un siège dans l’une des circonscriptions, un parti doit obtenir un score supérieur à 3%. Cette condition est plus favorable qu’à ce qui se pratique dans une majorité de pays européens, où nous tournons autour de 4/5%. Par ailleurs, et contrairement à ce que certains défendent en France, la taille des circonscriptions n’est pas gênante en Grèce puisque les sièges sont répartis sur l’ensemble du territoire. Nous avons donc une cohérence entre le score et les sièges obtenus. Cela a pu se remarquer aux élections de janvier 2015, cinq partis étaient au coude à coude avec des scores compris entre 4,68 et 6,28% ; ils ont eu entre 13 et 17 sièges sans que l’on puisse remarquer de contradiction. Par ailleurs, les électrices et électeurs peuvent voter de manière préférentielle.

Si le vote est obligatoire pour les moins de 70 ans, aucune sanction n’est prévue. La participation est globalement en baisse depuis les 15 dernières années, passant de 74% en 2007 à près de 58% en 2019.

Les derniers sondages montrent que Νέα Δημοκρατία (Nouvelle Démocratie), le parti démocrate-chrétien et libéral-conservateur du Premier Ministre sortant, Kyriákos Mitsotákis, devrait arriver en tête avec un score légèrement supérieur à 35%. Toutefois, la réforme du mode de scrutin devraient l’empêcher d’obtenir la majorité absolue. Syriza, le parti ayant gouverné le pays de 2015 à 2019, et son dirigeant et ex Premier Ministre, Aléxis Tsípras, devraient être second avec 30%. Six partis devraient dépasser le seuil électoral des 3% avec néanmoins une incertitude pour les nationalistes-conservateur de Ελληνική Λύση (Solution Grecque) et les altermondialistes du Μέτωπο Ευρωπαϊκής Ρεαλιστικής Ανυπακοής/ΜέΡΑ25 (Front de désobéissance réaliste européen/MéRa25) qui sont entre 3,5 et 4,5%.

Si les quatre partis de gauche devraient être largement majoritaires, rien n’indique qu’un gouvernement de gauche sera formé à l’issue des élections. Níkos Androulákis, dirigeant des socialistes du Pasok, ne souhaite soutenir aucun des deux principaux candidats, ayant tout deux soutenu l’austérité, indiquant préférer un Premier Ministre membre d’aucun parti. Notons que des élections anticipées sont déjà évoquées pour le début de l’été si aucun gouvernement n’est formé et que ces dernières années, rares ont été les mandatures à se conclure à terme.

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