Catégories
Réflexion

Et si… nous avions le système danois ?

Les Danois ont très récemment voté pour renouveler leur Parlement. Nous en avons déjà parlé dans un petit article, mais nous allons maintenant envisager l’application de ce système pour la France. C’est parti pour une petite page de politique-fiction !

Tout d’abord, avant même de parler des élections, il faut évoquer les conditions pour participer aux élections. Pour pouvoir participer, un parti n’ayant pas participé aux élections précédentes doit apporter un petit paquet de signatures d’électeurs : 1/577e du nombre de voix valides lors du scrutin précédent. Donc environ 40000 signatures. Ce n’est pas anodin, cela permet de filtrer l’entrée, pour que les participants soient d’emblée des candidats sérieux.

Avec ce filtre, nous aurions donc eu en juin dernier une campagne électorale bien plus lisible, car au lieu d’avoir des candidats de petits partis inconnus, nous aurions pu avoir de vrais débats clairs entre les dix ou quinze mouvements français notables et représentatifs.

Les listes ne sont pas paritaires (même si évidemment certains partis peuvent choisir de présenter des listes parfaitement paritaires). Le vote préférentiel est utilisé, sauf si le parti ne le souhaite pas (dans les faits, rares sont les partis faisant ce choix, qui est perçu comme anti-démocratique par les électeurs). Ainsi, un candidat d’un parti peut tout à fait être placé haut sur la liste, mais ce sont au final les électeurs qui décident des figures qu’ils envoient au Parlement, pas uniquement les états-majors des partis politiques.

On vote dans le cadre de circonscriptions inter-départementales, qui représentent entre 10 et 20 sièges par circonscription et en cumulé 450 sièges sur 577. La méthode de Sainte-Laguë est utilisée au niveau de chacune de ces circonscriptions. Par exemple, pour les Yvelines (circonscription mono-départemental du fait du nombre important d’électeurs), avec les résultats de 2022 sur 10 sièges, cela donne 4 sièges pour LREM et ses alliés, 3 sièges pour la NUPES, 1 siège pour LR, 1 siège pour le RN et 1 siège pour Reconquête.

Mais ensuite il y a 100 sièges permettant de compenser les potentiels déséquilibres des sièges par rapport aux sièges. Ainsi, si un parti n’a reçu aucun siège par la répartition départementale, il peut en recevoir à ce moment-là. La seule condition est qu’il ait obtenu au moins 2% des suffrages. Il est très délicat de faire une application directe des résultats de juin 2022, car la plupart des Divers gauche, Divers droite et Divers écologiste (hors des EELV participant à la NUPES) ne participaient pas à un mouvement national unifié. On peut penser que si ce système avait été en place, des stratégies d’unification auraient clairement vu le jour (par exemple les écologistes ne voulant pas être assimilés à Mélenchon).

Mais en tout cas, l’on se serait retrouvé avec une Assemblée nationale composée d’environ 150 députés LREM et alliés, 150 pour le NUPES, 110 pour le RN, 70 pour les Républicains et 30 pour Reconquête, ce qui fait 510 sièges, et donc 40 sièges entre quelques petits mouvements qui se seraient unifiés correctement.

Mais l’on arrive seulement à 550 députés. Et les 27 autres ? Eh bien ce sont les députés de l’outre-mer, élus de manière indépendante de la métropole. Il n’y a pas de députés représentant les Français de l’étranger. Précisons qu’il n’y a pas non plus de Sénat, le besoin d’une deuxième chambre n’étant pas démontré dans un pays unifié (à l’inverse d’un Etat fédéral comme l’Allemagne ou les Etats-Unis).

Dernière étape, mais non des moindres : la constitution d’une majorité parlementaire et d’un gouvernement. La majorité absolue étant à 289 députés, il aurait fallu que les mouvements politiques acceptent de faire des compromis notables pour aboutir à un contrat de coalition. Le plus évident numériquement parlant aurait été une alliance LREM-NUPES, ou alors LREM-RN-Reconquête, ou alors NUPES-RN-Reconquête. Ne pas négliger l’importance des petits mouvements et notamment des élus ultra-marins.

Mais on peut penser que l’utilisation d’un mode de scrutin bien plus respectueux des électeurs aurait eu de nombreuses conséquences sur le vote de ces électeurs, avec notamment peut-être un recours moins massif à des votes protestataires, ce qui aurait permis de rendre plus envisageable l’élaboration de coalitions de qualité permettant de faire avancer notre pays.

Merci pour votre lecture, et n’hésitez pas à faire un retour dessus.

Laisser un commentaire